Chemins de Michèle Lesbre (Sabine Wespieser, 2015) > dispo ?
Avec Chemins, c’est à un voyage dans le temps que Michèle nous convie ; non pas un aller simple vers le passé mais à de multiples allers et retours du passé vers le présent.
Au départ, un homme lit un livre , assis sous un réverbère, et de cette observation tout un écheveau va se dévider. Images de la guerre, fondatrices ; celles de la gare de Poitiers bombardée, d’une maison qui lentement s’écroule, comme s’effondre un château de sable ; celles de ses parents, couple en perpétuelle bataille ; celles, lumineuses, de vacances au bord de la Loire, chez ses grands-parents, l’été de son enfance. Conviée à ouvrir la nouvelle maison de ses amis de toujours, elle part en voyage le long d’un canal. Ouverte à tout ce qui dans le paysage fait écho à son paysage intérieur, paysages immobiles où le temps semble se retenir, au fil des rencontres, des haltes. Elle y croise des personnes imprévues et « enlève » même un chien qui vient spontanément à elle.
On progresse en funambule dans les détours de ce pèlerinage au charme flottant, ému par la finesse et la limpidité du texte, bouleversé par cette rencontre d’une femme et d’un père, à jamais « intime étranger ». Michèle Lesbre, auteur d’une dizaine de livres, reprend sans cesse le même livre, fouille la même mémoire,inlassablement. Elle travaille sur la transparence, la lumière, les temps se côtoient, hier et aujourd’hui réunis, les morts aussi présents que les vivants…
Gwénaëlle LC.